06 | Un cube dans l’histoire de l’art
« Die » de Tony Smith (1962)
Tony Smith est né en 1912, la même année que Pollock et Rothko. Il fait ses études d’architecture à Chicago, puis travaille sous la direction de Frank Lloyd Wright. Il enseigne dans diverses écoles d’art et universités, se consacrant en même temps à la peinture, cela jusque dans les années 50.
C’est en 1962 qu’il fait sa première sculpture Black Box et la même année « Die ».
Cette œuvre forme un cube en acier peint non traité de 182,9 cm de côté.
Elle a été exposée dans la galerie Daniel Templon à Paris lors d’une exposition. Un autre Die est au MoMA à New York ainsi qu’au National Gallery of Art à Washington.
Brève analyse du cube « Die » :
Les liens tissés entre Art et Architecture , aujourd’hui
Jacques Felix Faure , Architecte et enseignant à l’école d’architecture de Strasbourg
« Une forme très simple, tellement simple qu’on l’oublie pour commencer à percevoir d’autres choses…
Ce cube n’est qu’un cube, une forme sans anecdote. Mais on a aussitôt envie d’ajouter : il est massif, il est en acier et il a la taille d’un homme.
Puis si on précise notre regard, on voit que chaque face à sa particularité et que notre regard s’y arrête.
Déjà on voit que l’on ne peut le réduire à sa seule géométrie.
Porte-t-il pour autant à la croyance ? S’agit-il de voir dans le mystère de cet objet quelque chose de l’ordre du religieux ? Pourtant il est en acier, matériau industriel, qui ne porte en lui rien de tel. Sa taille n’est ni celle d’un monument, ni celle d’un objet. Il n’est ni archaïque, ni design. Il dépasse l’opposition entre le géométrique et l’humain.
Peut-être, pose-t-il de manière brutale le problème de la forme et de l’homme ?
Comme si cette forme nous disait que l’homme n’est pas là, absent : DIE.
Ou peut-être nous évoque-t-il la mort ?
On sent que l’on est loin du simple regard, tout notre être est concerné, ce qui est devant nous vient en nous et ce qui est en nous passe dedans.
Je suis soudain tellement concerné par ce cube géométrique, comme si c’était lui qui nous regarde, comme si je l’habitais et qu’il m’habitait …
A travers cet objet qui est là, se produit un travail intérieur et virtuel de la mémoire de tout ce qui n’est pas là.
Le visible et l’invisible… Les œuvres d’art nous permettraient-elles d’avoir accès à l’inévidence des choses non pas de façon théorique mais de manière sensuelle ? »
Sources :
La Conférence « Histoire d’un cube. Regards croisés sur l’art minimal » de Guitemie Madonado, historienne de l’art et critique, professeur d’histoire générale de l’art à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. Conférence du cycle pluridisciplinaire d’études supérieures (CPES) – 9 avril 2015 – France Culture le 22 avril 2015 : cliquez iciLoeilducyclone2009 : fiche « Tony Smith – Die » 8 décembre 2009 : cliquez ici
Encore un CUBE qui pourrait inspirer les réflexions, les conceptions, les réalisations des participants au projet CUBE.
Le projet CUBE est une initiative de la fédération Incidence pour une visibilité de ce qui se fait dans le secteur de la Créativité et des Arts en amateur en Wallonie-Bruxelles